D’un côté un cartel composé du MR, du Nouveau-Verviers , du cdH et de Bernard Piron. De l’autre, une alliance progressiste qui regroupe le PS et Ecolo , sans, bien-sûr, Muriel Targnion et ses partisans. Chaque bloc ne dispose pas de la majorité.
Le parti socialiste reste la première formation politique et souhaite voir Jean-François Istasse ceindre l’écharpe maïorale, à la tête d’une nouvelle majorité, toujours à négocier. Mais le code de démocratie communale prévoit que devient bourgmestre le ou la candidate qui a fait le plus de voix dans la plus importante force politique de la majorité.
Pour que Jean-François Istasse soit bourgmestre, il faut des renoncements dans son parti, notamment celui d’Hasan Aydin et de Sophie Lambert. Tous les deux ont fait plus de voix que Jean-François Istasse : et s’ils renoncent, comme ils étaient dans les trois premiers sur la liste de leur parti en 2018, la loi les sanctionne et les écarte du collège communal. Pas question alors pour eux d’être échevin ou président de CPAS ; d’où l’idée de la double motion de méfiance constructive.
Pour Geoffrey Grandjean, politologue à l’U-Liège , “ c’est l’idée qu’il va y avoir deux types de motions de méfiance. Un premier type étant une motion de méfiance collective, c’est-à-dire qui va remplacer l’ancienne majorité par une nouvelle majorité , et c’est donc le collège qui est concerné par cette première motion. En même temps, on va avoir des motions de méfiance individuelles , c’est-à-dire que l’on va indiquer que certaines personnes , on ne veut pas les voir monter à certaines fonctions notamment la fonction de bourgmestre. C’est, par exemple, l’idée qu’Hasan Aydin ne pourrait pas porter l’écharpe maïorale. Donc , en même temps on vote deux motions de méfiance: une collective pour changer la majorité et des individuelles pour dire qu’on ne veut pas certaines personnes à certaines fonctions.”
Une solution légale?
Si la motion écarte préalablement Hasan Aydin et Sophie Lambert de la fonction de bourgmestre, ils n’y renoncent pas de facto; ils peuvent donc ensuite réintégrer le collège et c’est Jean-François Istasse qui est en pôle position pour le maïorat, si les autres candidats en ordre utile renoncent aussi au poste. Mais est-ce légal?
Geoffrey Grandjean considère qu’il y a un vide juridique: “ Ne confondons pas légalité et éthique. Chacun a sa vision de l’éthique. En tous les cas, le code de démocratie locale ne prévoit pas ce genre de situation. Et ce qui n’est pas interdit est permis. Cela s’est déjà fait dans le passé , et cela a été validé par l’autorité de tutelle et partiellement par le Conseil d’Etat.”
Quoiqu’il en soit , du côté du cartel, on est assez réticent sur cette possibilité. A noter par ailleurs que le cartel ne veut plus non plus d’Hasan Aydin comme président de cpas. En d’autres mots, Verviers n’a pas, aujourd’hui , de majorité de rechange par rapport à celle actuellement en place, sauf à voir bouger fortement les lignes dans les prochains jours.
Si la ville devient ingouvernable, l’envoi d’un Commissaire du Gouvernement.
Si rien ne bouge, septembre arrivera avec son lot de décisions à prendre, avec la majorité actuelle en place. Et avec de profondes tensions en son sein : d’où le risque de voir les dossiers bloqués, faute d’une majorité de votes pour les faire avancer. Verviers serait en état de déshérence politique, devenue ingouvernable. Et dans ce cas , c’est la tutelle qui doit alors intervenir.
“ Comme la ville et les communes sont des pouvoirs subordonnés qui dépendent en partie de la Région Wallonne, indique Geoffrey Grandjean, c’est cette dernière qui serait appelée à intervenir, en envoyant , si cela se passe vraiment mal et qu’il n’y a plus de décisions qui sont prises, un Commissaire de Gouvernement qui pourra gérer la ville à la place des autorités communales”.
La rentrée approche à grands pas , et pas n’importe laquelle: celle de la gestion de la crise du Covid avec son impact économique et social , sans oublier la poursuite des grands dossiers de la Ville. Verviers ne pourra pas se permettre encore longtemps de rester sur ce statu-quo. (UO)