Lendemain d'élections veut dire aussi analyse à tête un peu plus reposée. Geoffrey Grandjean, professeur et président du département de science politique à l'ULiège analyse pour nous les grands enseignements de ces élections, dans notre arrondissement.
« Au niveau de l’arrondissement, depuis 1995, date de l’élection directe des parlements régionaux, le MR est d’un point de vue historique le premier parti de l’arrondissement et c’est son meilleur résultat », constate le président du département de science politique de l’ULiège. « Avec aussi des paradoxes, puisque le PS, qui est aujourd’hui le 3ème parti juste en-dessous des Engagés, et en même temps décroche un 2ème siège, un de plus que Les Engagés, grâce au système de l’apparentement. Donc on se retrouve avec une situation où çà la fois on a un grand vainqueur, et en même temps un PS qui de ce point de vue-là n’est pas en perte, qui se stabilise grâce à ses députés et grâce aux voix de préférence de certains candidats dont Valérie Dejardin, 2ème en termes de voix de préférence juste derrière Charles Gardier », analyse encore Geoffrey Grandjean, pour expliquer la spécificité de notre arrondissement au niveau de l’élection pour le Parlement wallon. Précisant encore que trois autres députés prendront la direction du Parlement de la fédération Wallonie-Bruxelles, en remplacement des élus germanophones, à savoir Stéphanie Cortisse, MR, pour remplacer Christine Mauel, Ersel Kaynak, PS, en remplacement de Patrick Spies et Hajib El Hajjaji pour remplacer Freddy Mockel à Bruxelles.
« Pierre-Yves Jeholet ministrable »
Outre Charles Gardier et Valérie Dejardin, au niveau wallon, le top 3 des voix de préférence est complété par Jean-Paul Bastin, qui était tête de liste pour Les Engagés. Mais ce qui frappe c’est le score du MR Pierre-Yves Jeholet, au fédéral, avec plus de 64.000 voix de préférence, reléguant le PS Frédéric Daerden à près de 20.000 voix de différence. Le Hervien qui est même 6ème au niveau national, faisant presque aussi bien, en termes de pourcentage, que son président Georges-Louis Bouchez. « C’est exceptionnel, en effet, par rapport à la circonscription où il se présentait. On voit clairement que Pierre-Yves Jeholet est ministrable. Là, c’est clair qu’on a un ministre-président sortant qui a pu capitaliser très certainement aussi pour prendre l’ampleur nécessaire pour monter au fédéral. »
Cure d’opposition pour le PS ?
Mais si le PS se stabilise, dans l’arrondissement, ce n’est pas le cas partout, il se tasse et devient 3ème parti en Wallonie. Conséquence, un renvoi très probable dans l’opposition à Namur ? « Oui, puisque le MR et Les Engagés disposent d’une majorité sans problème à la Région wallonne (43 sièges sur 75). Maintenant, la négociation de la majorité au niveau de Bruxelles-Capitale pourrait être liée, et donc on verra s’ils souhaitent associer les socialistes. »
Pas une élection pour rien
« La grande leçon de ces élections c’est qu’il y a eu beaucoup de surprises. Quand on voit que Raoul Hedebouw pour le PTB voulait être dans un rapport de force pour pouvoir éventuellement négocier, mais de ce point de vue-là, le PTB est 4ème parti au niveau régional, et perd même son siège au niveau de l’arrondissement de Verviers et donc n’a pas réussi à être dans ce rapport de force. Et puis il a tout ce qui se passe en Flandre, où on prédisait le Vlaams Belang comme premier parti, ce qui n’est pas le cas », conclut Geoffrey Grandjean.