Stéphane Moreau est incarcéré depuis dimanche soir à la prison de Lantin. L’homme d’affaires François Fornieri a aussi été placé en détention préventive avant d’être libéré, sous conditions, ce mardi. Ces arrestations représentent un tournant important dans la saga Nethys. Nethys, on le rappelle, est une structure publique détenue par la Province de Liège et des communes, dont 21 communes de notre arrondissement.
Tout avait démarré en décembre 2016 par les révélations de Cédric Halin, alors échevin des finances d’Olne, sur les énormes rémunérations des membres des comités de secteur de l’intercommunale Publifin. Une commission d’enquête avait été créée au sein du parlement. Une enquête judiciaire avait été lancée. Une enquête qui connaît un gros coup d’accélérateur avec l’incarcération de Stéphane Moreau ce week-end, l’administrateur-délégué de Nethys jusqu’à fin 2019.
"La justice prend les choses à main"
"C’est important parce que l’on voit que la justice prend les choses en main pour les communes comme la commune d’Olne et d’autres communes. Il faut rappeler que nous sommes les actionnaires de l’intercommunale, qui elle même est propriétaire de Nethys. Et donc, dès lors qu’il est question d’argent, qu’il est question de récupérer des sommes qui ont été indûment versées et bien cela a un impact pour nos communes", détaille Cédric Halin, bourgmestre d’Olne.
On parle ici d’indemnités estimées à plus de 18 millions d’euros. 21 communes de notre arrondissement sont directement impactées car elles sont actionnaires avec la Province de Liège de Publifin, devenue Enodia. Enodia, qui détient elle-même Nethys. Et c’est dans cette société Nethys qu’on retrouve des activités comme Liege Airport mais aussi des filiales comme Elicio actif dans les énergies, Win ou VOO. VOO qui était estimé à plus d’1 milliard d’euros. Sa vente à la baisse impactait donc directement les communes.
Les communes sont montées au front
Pour se faire entendre, Olne comme Jalhay, Dison, Pepinster et d’autres communes se sont rassemblées pour défendre leurs intérêts aux tribunaux.
"Un ensemble de 25 petites communes ont décidé de s’associer à la justice, explique Eric Laurent, échevin des Finances de Jalhay. C’est-à-dire que les communes ont désigné des avocats pour les représenter aussi bien au pénal qu’au civil pour le problème des indemnités compensatoires mais aussi, par la suite, le problème de la vente de VOO".
"Si les communes avaient décidé de rester passives et de ne pas participer, à ce moment-là, cela voulait dire qu’implicitement, elles considéraient qu’il n’y avait pas eu de préjudice et donc, à ce moment-là, elles n’auraient pas pu faire valoir leurs droits et elles risquaient de ne toucher aucun dédommagement, précise Jean-Michel Delaval, échevin des Finances à Dison. Donc, il était vraiment dans l’intérêt des contribuables disonais que nous soyons actifs sur le dossier".
"Muriel Targnion a un peu temporisé"
La nébuleuse Nethys pourrait avoir un autre impact dans notre région. Depuis les dernières élections et jusqu’à fin 2019, la bourgmestre de Verviers Muriel Targnion était en effet présidente du conseil d’administration et administratrice d’Enodia. Elle était donc à la tête d’Enodia au moment où les fameuses indemnités ont été versées aux cadres supérieurs du groupe.
"L’attitude de Madame Targnion est un peu ambivalente, est un peu étonnante, soutient Cédric Halin, le bourgmestre d’Olne. Moi, personnellement, je pense que Muriel Targnion a un peu temporisé et que cette temporisation a peut-être mené quelque part à ce que des indemnités soient versées alors que si on avait agit avec plus de rapidité, elles ne l’auraient pas été".
"Madame Targnion a pris toute une série de positions. Elle est libre de ses opinions et de les exprimer, indique l’échevin disonais Jean-Michel Delaval. Je pense qu’elle faisait tout ça de bonne foi mais on voit qu’il y a peut-être quelques erreurs d’appréciation de sa part mais c’était un dossier lourd".
Précisons que l’avocat de Stéphane Moreau indique dans un communiqué que son client « ne reconnait aucun des faits qui lui sont reprochés et nie avec force toute infraction ». Son conseil rappelle en outre qu’il bénéficie de la présomption d’innocence. (Au.M)