Entendue en commission d’enquête parlementaire vendredi dernier, les explications et propos tenus par Sophie Lambert, bourgmestre faisant fonction à Verviers pendant les inondations, a laissé l’opposition verviétoise plus que pantoise. Ce lundi soir, au conseil communal, Ecolo a une nouvelle fois réclamé une commission communale spéciale. Là où le PTB souhaite un vrai débat d’urgence. Des requêtes refusées par la majorité.
Audrey Degrange
Si l’audition de Sophie Lambert a sidéré plus d’un parlementaire en commission d’enquête, quel sentiment doit aujourd’hui animer les Verviétois au regard des nombreux dysfonctionnements relevés? Cette question, les partis de l’opposition veulent y répondre ne fut-ce que par respect pour les 8 personnes décédées à Verviers lors des inondations. « En fait dans les deux jours principaux de la crise à Verviers, il n’y a pas eu de direction des opérations, s’insurge Laszlo Schonbrodt, Chef de groupe PTB au conseil communal de Verviers. Ici, on apprend des choses aberrantes. On a la bourgmestre faisant fonction qui dit qu’elle n’a eu connaissance de la phase de crise provinciale qu’à 12H30 alors qu’elle était déclenchée depuis 9H30. D’autre part, elle nous dit aussi qu’elle reçoit un coup de téléphone de la Province qui lui dit que la Ville doit être évacuée puis un second du centre régional de crise wallon qui lui dit qu’il ne faut pas évacuer car les eaux se seront dissipées avant. Un, c’est dingue d’entendre ça et deux, quand on est face à de telles informations contradictoires, la logique voudrait qu’on essaye de savoir clair et qu’est-ce que Sophie Lambert a fait ? Rien du tout ! »
Une passivité qui interpelle et fait peur pour Ecolo Verviers. « On loupe des mails, on se demande s’il y a une communication à l’intérieur de ce Collège communal, s’interroge Hajib El Hajjaji, Chef de groupe Ecolo au conseil communal de Verviers. De même, la bourgmestre faisant fonction, au-delà d’avoir le titre, a-t-elle la reconnaissance de ses pairs et une reconnaissance au sein de l’administration ? Les dysfonctionnements sont profonds, il y a un malaise et un mal-être. Et si aujourd’hui, on ne tire pas les leçons très rapidement, on risque d’aller devant des difficultés encore plus grandes. »
En quête de vérité, les Verts souhaitaient la mise en place d’une commission communale spéciale inondations. Là où le PTB voulait un débat public. Des propositions refusées par la majorité.
« L’opposition saute sur tout ce qui bouge dès qu’elle entend quelque chose, réagit Alexandre Loffet, Bourgmestre faisant fonction de Verviers. Ici, elle se base sur une audition pour venir déjà nous traîner dans la boue. Nous avons demandé un peu plus de sérénité mais en totale transparence puisque nous souhaitons que la vérité soit établie mais sur base de l’ensemble des avis qui pourront être entendus, de l’ensemble des témoignages et nous nous sommes engagés à analyser tous nos processus existants ou à améliorer. Et, à demander un rapport à l’administration pour qu’elle puisse s’exprimer et ce rapport sera public. Nous pourrons alors en débattre le moment venu. »
Un timing qui ne convient évidemment pas à l’opposition. « Vendredi, on a eu une audition et ce sera le seul moment où on aura une discussion sur ce qui s’est passé à Verviers, note Laszlo Schonbrodt. Et ce qu’on a entendu est assez effarant et grave pour qu’on en discute publiquement à Verviers. Regardez autour de vous, il y a urgence, la population est toujours bloquée dans les inondations. Je vous mets au défi de trouver quelqu’un, ici, qui va trouver que ce n’était pas urgent de mener cette discussion. »
Ecolo Verviers parle même de fuite en avant de la part des élus en place. « Ce que nous voulions savoir à Verviers, ce sont les faits, sur quels éléments la majorité a basé ses décisions et savoir aujourd’hui très clairement pourquoi le logiciel où on complète des informations sur la crise n’a pas été complété ? Qui est le remplaçant du Planu en indisponibilité ? On n’a pas de réponses sur des questions fondamentales de gestion de crise et surtout, on a une échevine qui est là depuis plusieurs années et qui reconnait son incompétence, sa non-formation, sa méconnaissance des processus donc rien que sur l’urgence de former les membres du Collège, je pense que nous avions raison», affirme Hajib El Hajjaji
Lors de son audition, l’absence de prise de responsabilité de Sophie Lambert a également interpellé jusqu’au Collège, la bourgmestre faisant fonction aurait-elle vraiment été court-circuitée comme un parlementaire semblait l’affirmer ? « Les parlementaires sont responsables des propos qu’ils tiennent, moi je n’y adhère pas, souligne Alexandre Loffet. Notamment quand on dit qu’il y a des dysfonctionnements graves mais nous allons les analyser et voir ce qui a été ou pas. Après, l’échevin Maxime Degey a été très clair au conseil communal ce lundi soir, il n’est pas question d’incriminer notre administration ou nos pompiers. »
Car la mèche allumée par Sophie Lambert a fait l’effet d’une bombe. Reste à voir où se situe LA vérité.