La Ville de Verviers souhaite reprendre la main sur le foncier actuellement détenu par City Mall. Elle a envoyé une lettre au promoteur, Patric Huon, pour voir si une ouverture de négociations serait possible. Alexandre Loffet, bourgmestre faisant fonction de Verviers est venu s’en expliquer ce vendredi dans notre JT. Mais qu’en pense l’opposition Ecolo et PTB?
Audrey Degrange
Un énième rebondissement, dans une saga vieille de plus de 20 ans. A quand le prochain serait-on déjà tenté dire ? La Ville de Verviers souhaite donc reprendre la main sur le foncier détenu par Patric Huon en Spintay et sur la rive gauche. Et ce, afin d’y aménager le territoire en adéquation avec l’étude wallonne dite « Quartier durable ». Si l’opposition salue l’initiative communale, elle reste surprise. « Est ce que c’est juste pour que la ville prenne à sa charge, tout ce qui ne sera plus jamais exploitable, tout ce qui sera à fond perdu et laisser au privé les derniers endroits où on pourra encore reconstruire, s’interroge Laszlo Schonbrodt, Chef de groupe PTB au conseil communal de Verviers. On connaît la pression immobilière en ce moment à Verviers, ce sont les terrains qui seront les plus rentables. C’est notre crainte aujourd’hui. Que les coûts pour la Ville, les bénéfices pour le privé. C’est l’idée qui dirige depuis longtemps le centre-ville et à un moment donné, il faut une rupture. »
« Si la négociation aboutit tant mieux, mais si elle n’aboutit pas, il y a deux points d’attention pour nous, c’est le montant du deal, note Hajib El Hajjaji, Chef de groupe Ecolo au conseil communal de Verviers. Nous n’acceptons pas que les montant de la rénovation des berges aillent renflouer les caisses d’un promoteur privé et deuxièmement, c’est délai. Nous avons perdu trop de temps aujourd’hui sur la revitalisation de notre centre-ville et donc sur ces deux questions le collège n’apporte pas de réponse pour le moment. »
Une perte de temps également dénoncée par le PTB. Rappelant au passage qu’il y a 15 ans déjà le collectif citoyen Vesdre Avenir proposait une vision claire de la revitalisation de Verviers. Le parti regrette cette main mise du privé sur les intérêts verviétois. « La politique pendant 20 ans, ça a été de dire « les Verviétois ont des idées mais ce n’est pas eux qu’on va écouter, c’est un privé qui va venir bien faire ça » et puis ça été la catastrophe pendant 20 ans. Donc, on arrête et qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on donne la main aux Verviétois, non ! Il y a d’autres privés qui viennent, s’insurge Laszlo Schonbrodt. On engage quelqu’un de "Ville dans la Ville" pour venir reprendre en main la politique commerciale verviétoise. Mais, est-ce qu’on sait que "Ville dans la Ville", c’est un échec commercial tout comme City Mall ? A un moment donné, il faut une rupture et moi, je suis inquiet de ne pas la voir. »
« On nous a vendu un projet qui allait relancer notre centre-ville et aujourd’hui il constitue son principal frein, rappelle Hajib El Hajjaji. Ce qu’il faut dans un partenariat public-privé, c’est d’abord un cadre donné par le politique qui est clair, qui définit une vision. Et à ce moment là, accueillir des investissements. Ce qui s’est passé ici, c’est une zone qu’on voulait réaménager pour laquelle on est allé chercher un promoteur, je rappelle sans ouvrir, sans appel et aujourd’hui le promoteur avait la main via des conventions sur une partie de notre centre-ville, ce que l’on paye encore aujourd’hui. »
Ecolo demandera donc au Collège une analyse juridique afin d’acter le fait que les conventions sont caduques et que le promoteur a eu des manquements. Les débats risquent bien d’être ouverts et longs ce soir au conseil communal.