Ambiance tendue hier soir au conseil communal de Verviers. Si les sujets de discorde sont nombreux, c’est l’état des finances de la Ville et du CPAS qui ont fini de cristalliser un débat déjà houleux. L’opposition Ecolo et PTB les jugent catastrophiques et dénoncent un manque flagrant dans la gestion communale.
Audrey Degrange
Un peu moins de 2 millions d’euros de déficit pour le CPAS de Verviers et c’est l’inquiétude dans les rangs de l’opposition. Si la crise sanitaire et les inondations sont passées par là, ce montant ne peut entièrement leur être imputé. Le problème est assurément structurel selon Ecolo et le PTB. « ça fait des années maintenant qu’Ecolo pointe du doigt toute une série de dépenses financières mais aussi des décisions politiques qui montrent clairement un impact négatif sur nos finances, rappelle Hajib El Hajjaji, Chef de groupe Ecolo Verviers. Nous sommes aujourd’hui à mi-mandature et clairement, les finances de la Ville et du CPAS sont dans le rouge. Cette situation est très inquiétante. »
D’autant plus que la Ville de Verviers délègue un certain nombre de missions au CPAS sans lui donner, selon l’opposition, les moyens d’y répondre. 1,5% d’augmentation de la dotation par an, ce n’est pas acceptable.
« La situation des gens est catastrophique. La crise au niveau des inondations n’est pas du tout finie et si on nous dit que ceux qui sont censés aider les gens qui sont en train de sombrer ou qui risquent de sombrer dans la pauvreté doivent se serrer la ceinture, on risque la catastrophe sociale à Verviers», prévient Laszlo Schonbrodt, Chef de groupe PTB Verviers.
Du côté de la majorité et, en particulier de son échevin des Finances, on rappelle que la Ville fait déjà des efforts depuis 2019 et qu’elle ne peut être tenue responsable de décisions problématiques prises ces trois dernières années et qui ont d’ailleurs mené à une crise politique.« C’est-à-dire une augmentation assez importante de la masse salariale sur des services non essentiels et l’épuisement total des réserves faites pour nous aider dans des situations comme celle-ci et qui ont été transférées dans des fonds immobiliers dont nous ne disposons plus maintenant, révèle Alexandre Loffet, Echevin des Finances Verviers. Et c’est aussi pour ça que les interventions d’Ecolo me déplaisent particulièrement puisque monsieur El Hajjaji a soutenu les mauvaises décisions prises ces trois dernières années et de l’entendre aujourd’hui nous reprocher qu’il n’y a plus de réserves, il vaut mieux être sourd que d’entendre cela, c’est vraiment malheureux. »
Pour faire face à cette crise financière, la Ville s’oriente vers un prêt après du CRAC, le Centre Régional d’Aide aux Communes. Une fausse bonne idée selon l’opposition. « ça fait des années qu’on nous dit qu’on va enfin sortir du Crac pour refaire des investissements et là, on nous annonce qu’on fait un prêt jusqu’en 2056 ! C’est aussi problématique parce que ça vient avec des conditions. Vous avez les sous mais vous devez faire des économies structurelles dans la ville mais où ?, s’interroge le chef de groupe PTB. C’est vraiment la solution du désespoir. On programme la chute de Verviers et de sa population. »
Ecolo va même plus loin et parle des licenciements. « Il est clair qu’un des postes les plus importants de dépenses à la Ville de Verviers, ce sont les dépenses de personnel, détaille le chef de groupe Ecolo Verviers. La Ville va devoir expliquer comment elle va pouvoir garder son rythme de fonctionnement avec des dépenses qui l’amènent dans le rouge. La crainte que nous avons, ce sont des licenciements dès l’instant où après trois ans de gestion de la ville, nous sommes dans une situation financière grave et il faut que la majorité se ressaisisse. »
Une majorité qui, elle dit justement prendre ses responsabilités. « Le problème de l’opposition, s’emporte Alexandre Loffet, c’est qu’elle critique les mesures qui permettent de rembourser, le fait de faire des prêts et de prélever des impôts donc j’aimerais bien qu’elle m’explique comment elle voudrait qu’on investisse sans rien pouvoir mettre en place comme mesure. »
Il ne leur reste en tout cas plus que trois semaines pour trouver des points de convergence en vue du vote sur le budget 2022 qui sera présenté quoiqu’il arrive fin décembre.