A la Cour d’Assises délocalisée à Eupen, l’avocat général Frédéric Renier a prononcé son réquisitoire à l’encontre d’Omar Benchamsy, accusé d’avoir tué à coup de couteau deux personnes et blessé cinq autres dans un café d’Eupen, en octobre 2021. Pour lui, il s’agit bien de meurtres prémédités, et donc d’assassinats, et de cinq tentatives d’assassinat.
L’avocat général a tenté de convaincre les 12 jurés de la culpabilité de l’accusé, Omar Benchamsy.(44 ans), poursuivi du chef de deux assassinats et cinq tentatives d’assassinat commis durant la nuit du 14 au 15 octobre 2021 dans un café du centre d’Eupen.
Pour Frédéric Renier, les deux homicides volontaires avec la circonstance aggravante de préméditation doit être reconnue. Il invite donc les jurés à répondre oui aux questions concernant les homicides volontaires avec préméditation sur Ralph Duveau et Vincent Schumacher.
L’avocat général a d’abord évoqué es faits , tout en rappelant qu’à plusieurs reprises durant la journée du 14 octobre, l’accusé aurait pu prendre d’autres décisions que celles pour lesquelles il a opté. « Certes il était dans une passe difficile et vivait une journée compliquée mais c’est lui qui a décidé de boire, de fréquenter différents cafés puis de se rendre finalement au café A Ge Pömpke de la rue Gospert, au centre d’Eupen. »
Il s’agit d’un café qu’il n’avait pas l’habitude de fréquenter. Pourquoi s’est-il rendu dans cet établissement? C’est un mystère. « Et surtout, pourquoi y est-il retourné vers 02h00 alors qu’il était rentré à la maison et qu’il avait payé sa dette », a interrogé l’avocat général. Si l’accusé prétend ne plus avoir de souvenir quant aux faits, Frédéric Renier a rappelé « qu’il a commis l’irréparable en 5 minutes. A 02h07, la porte du café s’est ouverte et à 02h12, on voit Monsieur Benchamsy quitter l’établissement. Tous les occupants du café ont été attaqués et deux ont perdu la vie ».
Pas de souvenir , mais des aveux à trois reprises
Si l’accusé n’a pas de souvenir, l’avocat général a souligné qu’immédiatement après les faits, il les a avoués à trois reprises : une fois à son ancien patron lorsqu’il s’est réfugié à l’hôtel Ambassador, une seconde fois aux policiers auxquels il a indiqué où se trouvait l’arme du crime et une troisième à l’hôpital lorsqu’il a été soigné.
Les moyens mis en œuvre par l’accusé, avec ce grand couteau tranchant et la région du corps où ont été portés les coups sont de nature à justifier l’homicide volontaire.
Pour la préméditation, Frédéric Renier estime qu’elle est établie également. « Entre le moment où il quitte le café et où il y revient armé du couteau, 50 minutes se sont écoulées. Il a eu le temps de préparer son projet et il a négligé tous les signaux d’alerte qui auraient pu le faire changer d’avis ». L’avocat général a donc invité les jurés à répondre oui à la question relative à la préméditation pour Ralph Duveau et Vincent Schumacher. Il s’agirait ainsi de deux assassinats.
Pour les cinq personnes qui ont survécu à l’attaque, la logique est la même mis à part le fait qu’elles ont survécu à leurs blessures. « Si elles ont survécu, ce n’est pas grâce à la volonté de Monsieur Benchamsy de les épargner. Il s’est d’ailleurs acharné, avec une bestialité particulière, sur une cliente qui se trouvait à l’extérieur du café en lui portant entre 12 et 18 coups de couteau alors qu’elle était au sol ».
Pour toutes ces raisons, il demande aux jurés de qualifier ces faits en cinq tentatives d’assassinat. (Luc Brunclair)