Pour une fois, ils se sont assis et ils étaient nombreux. Une septantaine de soignants de la clinique Saint-Elisabeth à Heusy ont décidé de dire stop ce matin. Stop aux conditions de travail actuelles. Stop au malaise croissant. "Nous avons envie de continuer à donner des soins de qualité à nos patients. Avoir le temps auprès d’eux et malheureusement nous n’avons plus trop le temps pour de multiples raisons. Nous ne sommes plus assez d’effectifs", explique Christine Silvestre, infirmière en réanimation et délégué syndical CNE. "On nous promet des emplois, puis on sent bien qu’on ne va pas les avoir. On a besoin de bras, de temps. Aujourd’hui on ne soigne plus, c’est du travail à la chaîne. Cela devient une usine. C’est aller au plus vite sans prendre en compte l’humain alors que l’humain fait partie de notre métier, c’est le principal", ajoute encore une autre infirmière.
Ils étaient tellement nombreux et déterminés ce jeudi que la clinique a dû réquisitionner 11 membres du personnel. Une première depuis de nombreuses années, signe d’un ras-le-bol qui a trop duré. La crise liée au coronavirus, n’ayant rien arrangé. " Cela fait des années qu’on réclame de sortir la chef de service du budget des unités, cela fait des années qu’on réclame de l’aide, des aides-soignantes, cela fait des années qu’on sait qu’être infirmière est compliqué car il y a une pénurie. Dans ma génération nous sommes beaucoup à partir dans 4 ans à la retraite, je ne sais pas comment ils vont faire. Il y a 18 inscriptions seulement cette année à Verviers, c’est trop peu pour remplacer presque 30% d’infirmières. Les gens en ont marre et le Covid n’a rien arrangé. Ces conditions de travail-là, humainement parlant, c’était... vous ne pouvez pas vous imaginer", affirme la déléguée syndicale SETCA, Josiane Latré.
L’absence d’anticipation du gouvernement en matière de recherche de candidats à l’embauche n’est plus tolérable pour ces nombreux soignants. Aujourd’hui, c’est tout un secteur de la santé qui en prend un coup.
Si un montant de 400 millions d’euros a bien été dégagé à la suite du mouvement des Blouses Blanches, la part réelle de ces moyens affectée à des emplois de soutien ne serait clairement pas suffisante pour les syndicats. Ils le disent aujourd’hui : il faut agir ! (M.B)