Les premières actions du personnel soignant ont commencé ce lundi. Pour rappel, un préavis de grève est d’application dans les hôpitaux et établissements de soins de santé. L’annonce de la vaccination obligatoire pour les soignants et les sanctions qui en découlent ne passent pas. A l’appel des syndicats, des rassemblements ont eu lieu devant le CHR Verviers hier soir et devant la Clinique Sainte-Elisabeth aujourd’hui midi.
Feu de bengales, pancartes et slogans à l’adresse du gouvernement, une centaine de membres du personnel du CHR Verviers ont manifesté ce lundi soir pour montrer leur mécontentement contre le projet d’obligation vaccinale du personnel soignant.
"Je suis là pour défendre le métier qui est déjà suffisamment difficile que pour le rendre encore plus difficile pour des raisons qui ne dépendent pas de la vie médicale à mon sens. Nous sommes contre l’obligation vaccinale. Déjà à l’heure actuelle, je manque de collègues. Alors je ne vous dis pas ce que ça va donner si on se retrouve encore avec moins de collègues. Le patient va devoir apprendre à être encore plus patient", réagit Sabrina Rega, infirmière au CHR Verviers. "On n’est pas contre le vaccin, loin de là. Ici, sur Verviers, on est quand même à plus de 80% du personnel qui est vacciné. Le reste, en général, a eu le Covid. Je crois donc qu’il ne faut pas stigmatiser et dresser les gens les uns contre les autres. On n’est pas contre le vaccin. Ce n’est pas du tout ça. C’est la stigmatisation d’une profession qu’on ne peut pas accepter", explique Jean-Claude Servais, secrétaire permanent CGSP.
Rebelotte ce mardi. Devant la Clinique Sainte Elisabeth cette fois. Le message est clair: le personnel soignant a l’impression qu’on le poignarde dans le dos. Qu’après les applaudissements, c’est le retour de flammes. La vaccination obligatoire, il n’en veut pas. "La liberté de chacun doit être respectée. Il y a des arguments pour et des arguments contre. Là, maintenant, ce qu’on déplore, ce sont les sanctions à l’appui. Il faut savoir qu’il y a, au sein des soignants, 85 à 90% de gens vaccinés. Alors, si même il y en avait 100%, je crois que nos hôpitaux seront quand même remplis de cas de Covid. Il ne faut pas nous stigmatiser Monsieur Vandenbroucke, vraiment pas. On est très en colère", lâche Véronique Sohier, infirmière et déléguée CNE.
En colère particulièrement face à la menace de sanctions à l’égard des professionnels qui refuseraient de se faire vacciner. Et les conséquences qui en découleraient... "On est dans une crise assez sévère où il y a déjà un manque de personnel, où les gens sont fatigués, usés donc les certificats tombent malheureusement, et le gouvernement n’a d’autre idée que d’essayer de forcer la main aux soignants, de les pousser à se faire vacciner et s’ils ne le sont pas, ils vont perdre leur agrément, être licenciés, etc...Ce n’est pas normal", réagit Alexandre Mauhin, infirmier au CHC Heusy. "Je n’ai pas envie d’arrêter mon boulot d’infirmière parce que c’est ma vie", confie Christelle Leroy, infirmière également. "C’est ce qui me permet aussi de manger ma croûte tous les jours. Mais une telle pression, ce n’est pas supportable. Et je ne serai plus en accord avec moi-même non plus."
Pour Josiane Latré, une autre infirmière, "cela fait 20 ans qu’on est dans les rues pour réclamer du personnel, qu’on dit qu’il y a une pénurie d’infirmières et qu’au niveau des écoles, il faut revoir les choses. Il n’y a rien qui se met en place. Rien du tout. C’est pénible. Les gens fuient la profession. Et j’ai une de mes collègues qui est partie travailler chez BPost."
Les syndicats exigent le retrait de l’avant-projet de loi. Ils demandent également une réelle concertation sociale et une prise en compte de la situation immunitaire du personnel.
Des actions comme celles-ci vont se multiplier durant les prochaines semaines avant la grande journée d’action, en front commun, prévue le 7 décembre. (Renaud Collette)