Quel avenir pour l’ancienne maison de repos de la Providence à Hodimont? La question était au centre des débats au conseil communal de Verviers lundi soir après une interpellation citoyenne. Le projet de maison de détention a finalement été abandonné suite à la forte mobilisation des riverains et de l’école de la Providence, située à côté. On évoque à présent la possibilité d’y créer un centre Fedasil. Et cette idée ne fait pas non plus l’unanimité.
L’ancienne maison de repos de la Providence à Hodimont n’aura jamais autant fait parler d’elle. Après le tollé provoqué par le projet d’y installer une maison de détention, projet finalement abandonné après la levée de boucliers des riverains et de l’école située juste à côté, c’est une autre piste qui est désormais envisagée par le gouvernement fédéral.
L’Etat a l’intention d’y créer un centre Fedasil, pour l’accueil des réfugiés, avec des femmes et des enfants uniquement. "Ce sont des paroles. Il n’y a rien d’écrit. On n’a pas de certitudes. On sait juste que ce sera des mamans seules avec des enfants. C’est un peu étrange car il y a tout de même eu des papas dans l’histoire et qui risquent de revenir, qui risquent de poser des problèmes. On n’est pas rassuré", répond Louis Jacquemin, président du comité de quartier de Hodimont. Et d’ajouter: "C’est un peu comme le premier projet. Une maison de réinsertion, c’est sûr que c’est important, mais pas à cette place-là. C’est la même chose ici."
Du côté de la Ville de Verviers, si on estime que chaque commune doit avoir sa part dans l’accueil des migrants, on n’est cependant pas favorable au projet pour une question de moyens. "Il y a tellement de villes qui sont plus riches que Verviers, en Wallonie et dans l’ensemble du pays. Des villes qui n’ont pas été inondées, qui n’ont pas déjà plein de personnes à gérer, qui sont des migrants", explique Muriel Targnion, la bourgmestre de Verviers. "Même si ce sont des femmes et des enfants, après six mois ou un an, ils s’installeront à Verviers et vont dépendre du CPAS. Et on n’a pas les moyens pour ça! Après, il y aura une nouvelle vague qui arrivera. Et Verviers, avec les inondations, on est déjà la tête sous l’eau (sic), que ce soit financièrement ou en termes de personnel. Et donc venir avec un centre Fedasil dans un quartier aussi vivant, qui a aussi besoin d’être mieux structuré et d’avoir un nouveau souffle, ce n’est pas la solution même si la cause est bonne. Il y a d’autres villes qui pourraient accueillir ce genre de centre", continue Targnion.
Quant aux citoyens du quartier, ils voudraient surtout que l’on redessine leur lieu de vie, qu’on le repense à plus long terme. "Nous, ce qu’on souhaite, c’est de travailler avec tous les acteurs de terrain, pas seulement ceux du quartier mais aussi les pouvoirs subsidiants. C’est eux qui vont définir comment on peut apporter quelque chose de positif dans le quartier. Il faut qu’on puisse dialoguer autour d’une table et partager les idées pour avancer d’une manière valable et progressive", insiste Louis Jacquemin.
Quel sera l’avenir de cette ancienne maison de repos? Son sort est entre les mains du Fédéral mais, sur place, ni la ville ni les riverains ne veulent entendre parler de ce centre Fedasil.
Renaud Collette