Grève surprise ce mercredi chez le transporteur GXO basé à Welkenraedt. En cause, le climat social plus que tendu dans cette société où le département transport devrait fermer définitivement d’ici la fin de l’année. 52 personnes dont 37 chauffeurs vont perdre leur emploi. Des chauffeurs à l’origine de ce mouvement d’humeur. Ils s’estiment dans le flou quant à leur plan de licenciement. Ils exigent des réponses.
Audrey Degrange
« Qu’on nous traite décemment et qu’on arrête de nous mentir », c’est le cri du coeur lancé ce mercredi par les travailleurs du département transport de GXO sur le site de Welkenraedt. Voici quelques mois, les 37 chauffeurs et 15 employés apprenaient qu’ils perdraient leur emploi en juin 2023, faute de rentabilité. Une échéance aujourd’hui ramenée au 31 décembre, sans réelle concertation. Ils ont donc décidé de débrayer pour exprimer leur colère et négocier de nouvelles conventions. « Les chauffeurs veulent un plus parce qu’ils trouvent que la situation n’est pas correcte, explique Mahamat Oueddo, Magasinier et délégué syndical CGSLB chez GXO. Ils pensaient avoir une garantie d’emploi jusqu’en 2023. Ils ont donc demandé deux points en plus sur la convention déjà signée à savoir la possibilité du départ anticipé et une prime compensatoire jusqu’en juin 2023. »
Aucun camion n’est donc sorti ce jou. Un outil de travail sur lequel le flou règne aussi en maître. « Oui, ça prend fin le 31 décembre tout en sachant qu’il y a des camions dont le leasing prend fin à la fin du mois et d’autres aussi le mois prochain. Nous avons 37 chauffeurs pour 24 camions donc qu’est-ce qu’on fait avec les chauffeurs qui n’ont pas de camion ? Est-ce qu’on doit les mettre en chômage économique ? Je ne pense pas que ce soit la solution parce qu’ils ne sont pas responsables de cette situation. Ce n’est pas de leur faute », souligne Cirilo Quinta, Magasinier et délégué syndical CSC Transcom chez GXO.
Ces questions en soulèvent d’autres notamment sur la gestion de l’entreprise. Début d’année, le transporteur perdait un gros client. C’était alors 110 emplois qui étaient menacés. Un autre a finalement été trouvé mais ne rassure pas les travailleurs pour autant. «Moi, ça fait presque 15 ans que je suis dans la boîte et je peux vous dire qu’on a eu autant de directeurs, soit 15 ou 16 depuis que je suis là. Autre problème, le manque d’investissement. Ils n’ont pas investi et ils ont laissé le transport mourir. Aujourd’hui, c’est la preuve qu’on ne sait pas s’en sortir parce qu’on a mal géré au niveau des transports», poursuit le délégué syndical CSC Transcom.
Ce qui fait dire au personnel qui a connu la grande époque où la société était dirigée par Mond qu’on assiste une nouvelle fois au démantèlement pur et simple d’un fleuron de notre région. « Quand un fonds de pension américain investit dans une entreprise, ce n’est pas pour créer de l’emploi, c’est purement pour faire du bénéfice et payer des dividendes. Avec ça, j’ai tout dit, relève de manière un peu cynique Daniel Maratta, Secrétaire provincial de l’Union Belge du Transport - FGTB. Qu’il engage 100 ou 500 travailleurs, s’il a assez de pognon avec 100 travailleurs ben il fait avec. Idem, si demain, il veut fermer la boîte et la délocaliser ou la fermer, c’est le système capitaliste, que voulez-vous que je vous dise d’autre ? »
Sous procédure Renault, trois nouvelles rencontres sont prévues entre la direction et les syndicats pour tenter d’y voir plus clair mais une chose est sûre, pour les travailleurs la confiance est rompue à Welkenraedt.