C’est Sheila (prénom d’emprunt) qui a fini par révéler à sa maman les faits dont elle aurait été victime alors qu’elle n’avait que 11 ans de la part du fils de la compagne de son papa, Michaël (idem). Elle évoque des attouchements et même une pénétration digitale. Ce qui rejoint ce qu’avait révélé Marina (idem) à un ami, accusant son « frère » de l’avoir violée lorsqu’elle n’avait pas encore 16 ans.
Une crise d'adolescence?
Comparaissant libre devant le tribunal correctionnel où il est poursuivi pour viol des deux fillettes, Michaël nie cependant cette double accusation. « Il ne s’est jamais rien passé avec elles. On était fort proches, comme frère et sœur » dit-il. Pourquoi dès lors l’accuseraient-elles de tels faits ? « Je ne comprends pas du tout. Pendant le confinement, que j’ai très mal vécu, je vivais dans ma bulle, quasiment cloîtré dans ma chambre ». Il risque cependant une explication. « J’avoue qu’à cette époque, je n’étais pas toujours commode, j’avais des sautes d’humeur, je pouvais avoir des propos assez violents. Peut-être qu’elles ont mal réagi à ça » Les filles parlent même d’insultes et de menaces de faire en sorte qu’elles ne viennent plus chez leur père. Et décrivent des faits précis, avec un processus identique : invitation à voir un film dans sa chambre, puis les faits avec de tels détails qu’on ne peut inventer à cet âge. Et en outre, Marina s’est scarifiée et a même fait une tentative de suicide, ce qui est un signe typique d’abus sexuel. « Elle était en pleine crise d’adolescence. Et je sais qu’elles peuvent très bien mentir » répond-il.
L’avocate de Marina, partie civile, se dit désorientée par les propos de Michaël. « Elle aurait donc inventé tout ça parce qu’il avait des sautes d’humeur ? En se scarifiant et même en tentant de se suicider ? C’est le signe qu’elle a très mal vécu cet épisode. » L’avocat de Sheila Me Paul Thomas est sur le même registre : « Sheila en parle à sa mère trois ans après, on est loin d’une réponse à de simples sautes d’humeur. Elle l’aurait plus tôt si elle avait la volonté de faire mal Et elle n’en tire aucun bénéfice. L’expert n’a d’ailleurs décelé aucun indice d’une volonté de vengeance. »
M. Seret, ministère public, se dit aussi interpellé par la défense de Michaël, pleine de contradictions. La grosse crise de Sheila se serait déclenchée longtemps après les faits, au point d’en être complètement bloquée devant les enquêteurs ? Elle est pourtant décrite comme pas menteuse ni incapable de faire du mal à quelqu’un. Et Marina se scarifiant et tentant même de se suicider, c’est le signe d’une réelle souffrance. Il réclame donc au tribunal d’affirmer la culpabilité de Michaël et de le condamner 5 ans de prison.
La défense plaide évidemment l’acquittement de Michaël.
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