La semaine dernière nous vous racontions l’histoire de Jérome Brédo, éleveur à Jalhay, contraint d’abattre ses bêtes atteintes d’IBR. Une décision qu’il n’acceptait pas. Mais pourquoi cette réforme est-elle obligatoire aujourd’hui ?
L’IBR n’est pas une maladie nouvelle chez nos bovins. Arrivée dans les années 70 chez nous, la lutte a commencé en Belgique un peu avant les années 2000. La rhinotrachéite infectieuse bovine, aussi appelée vulvovaginite pustuleuse infectieuse touche essentiellement la sphère respiratoire et la sphère génitale de l’animal mais n’est pas transmissible à l’homme contrairement à d’autres maladies. « Comme on l'entend trop souvent, cette maladie là est loin d'être anodine.
Elle est due à un virus. Et comme tous les virus, une fois qu'un animal est infecté, et bien il est infecté à vie. Après la première infection, l’animal devient contagieux et extrait le virus pendant environ quinze jours. Il rentre, ensuite, en phase de dormance dans des ganglions nerveux. Et comme les boutons de fièvre chez les humains, à chaque stress, pour le vêlage ou le transport par exemple, le virus peut se réactive et l’animal peut, à nouveau, être contagieux », explique Laurent Delooz, le responsable administration de la Santé à l’ARSIA, l’Association Régionale de la Santé et d'Identification Animales qui œuvre dans l’intérêt des éleveurs wallons.
" Plus que 750 bovins infectés en Wallonie"
Si le vaccin limite la réactivation virale, il ne s’agit pourtant pas d’un bouclier à toute épreuve. Devenir indemne d’IBR est donc un bien pour la santé animale et par conséquent un bien économique pour l’exportation. Car même si la situation s’est nettement améliorée, en Belgique, le problème persiste. « Aujourd'hui, il n'y a plus, entre guillemets, que 750 bovins infectés en Wallonie sur 1 million. On est passé de 40 % de troupeaux infectés en 2012 à 1% en 2025. Mais on ne parvient pas à atteindre cet assainissement-là parce qu'il y a des pertes de statut qui sont liées presque exclusivement aux achats de bovins infectés. Le problème, c'est que certains négociants ne respectent pas la loi en mélangeant des bovins qui proviennent de troupeaux infectés, et des bovins qui proviennent de troupeaux indemnes. Et le problème reprend », ajoute encore le vétérinaire.
C’est pourquoi aujourd’hui, le plan de lutte IBR reconnu par l’Europe exige un statut indemne pour 2027. Mais dans un contexte économique déjà compliqué pour le secteur, l’ARSIA se dit consciente des difficultés de certains éleveurs à abattre leurs bêtes, surtout au vu des indemnisations insuffisantes pour remplacer tout un troupeau. « L’ARSIA a tenté, lors de toutes les réunions, de défendre les intérêts de ces éleveurs concernés, mais nous n'avons pas été écoutés. Il faut savoir que le problème, c'est que 99% des éleveurs sont indemnes et ce sont eux qui pèsent le plus lourd dans la balance.
On ne peut pas dire qu'il y a eu un élan de solidarité de la part du secteur pour soutenir les quelques éleveurs qui ont été victimes de cette perte de statut indemne ».
Malheureusement, pour ceux comme Jérôme Brédo qui ne se sont pas débarrassés de leurs troupeaux infectés avant le 31 décembre dernier, la situation paraît sans issue. Une mise en demeure de l’AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire) devrait les obliger à abattre ces bovins dans les deux prochains mois. Après cette échéance, c’est l’AFSCA qui s’en chargera.