Ce matin a débuté devant le tribunal correctionnel de Verviers un très gros procès qui devrait prendre au moins trois audiences pleines. Il faut dire qu’il concernait pas moins de 15 prévenus, donc cinq détenus, et aussi un grand nombre de parties civiles, 29 au total, impliqués dans un énorme trafic de faux crédits pour l’achat de voitures, 25 au total.
Le processus était assez simple : on convainc des quidams, en général en marge de la société, et bien entendu en échange d’un payement qu’on promettait alléchant, de faire des demandes de crédit avec de fausses fiches de paye, en majorité comme profs. Ces intermédiaires prenaient possession du véhicule, qui était immédiatement pris en charge par les commanditaires, et disparaissaient dans la nature, sans doute vers des horizons lointains. Et les hommes de paille se retrouvaient gros jean comme devant, sans voir la couleur d’un seul centime et ayant un gros crédit à payer. Un dossier de 4.000 pages, qui débouche sur 59 préventions.
Un gros bras de la criminalité
Cette fois, le principal inculpé, le chef d’orchestre de cette vaste escroquerie est un Disonais de 41 ans, qui avait bien été extrait de sa cellule de Jamioux. C’est un gros bras de la criminalité, puisque déjà condamné à Verviers à des peines de 5, 2 et 4 ans de prison. C’est d’ailleurs de sa prison qu’il a dirigé la manœuvre de ce vaste trafic à l’aide d’un GSM. « C’est très facile en Belgique d’obtenir un crédit à l’aide d’une fausse fiche de salaire. Il suffit que celle-ci provienne de la fonction publique, car l’organisme de crédit est dans l’impossibilité de vérifier. J’ai appris ça en prison, tout le monde le fait ! » Il reconnaît la plupart des préventions qu’on lui reproche, en contestant l’une ou l’autre. Il admet qu’il gagnait sur chaque transaction de 5 à 6.000 euros, après avoir rétribué les intermédiaires, parfois même jusqu’au garagiste. Ce dont on peut douter, puisqu’il a reconnu lors de l’enquête avoir claqué 50.000 euros en un mois, notamment par un voyage à Dubaï !
Ce que conteste aussi un de ces fameux loustics chargés d’acheter les voitures grâce à un crédit obtenu par une fausse fiche de salaire comme professeur émanant de l’IPES de Verviers. Ce Verviétois, un certain Jean, est lui aussi est bien connu de la justice, puisqu’il cumule à 52 an« plus de 30 ans de prison, essentiellement pour des cambriolages. « On m’avait promis 5.000 euros pour faire ça, mais je n’ai rien reçu, juste 100 euros pour autre chose. »
Des fausses fiches de salaire à 350 euros pièce
Qui dit fausse fiche de paye dit faussaire. Ce dernier qui en est accusé est un homme de 35 ans, de Verviers. Il admet avoir rédigé un certain nombre de fausses fiches, car il s’y connaît en informatique. Il prétend qu’il était contacté par des gens qui lui demandaient une fausse fiche de salaire afin d’obtenir un logement, mais qu’il n’‘a jamais entendu parler de l’objectif d’obtenir un crédit. Il se faisait payer pour ça jusque 350 euros ! Pourtant, ses contacts relevés sur son portable trahissent des liens avec d’autres membres de la bande, ce qui voudrait dire qu’il était sûrement au courant du trafic de crédits que supposaient ces fausses fiches de salaire. Et un message à son frère indique qu’il avait trouvé un moyen de se faire facilement de l’argent. Le procès se poursuivra mercredi prochain, avec les plaidoiries des nombreuses parties civiles, et, on l’espère, le réquisitoire du ministère public.