C’est un dossier épouvantable qu’a eu à juger le tribunal correctionnel, celui d’un homme de 70 ans, accusé de viols et de divers abus sexuels sur cinq adolescents de moins de 16 ans placés par la Justice en tant que famille d’accueil, en plus de son propre fils. Le prévenu, qui comparaît détenu, risquait de lourdes peines de prison, puisque le ministère public avait réclamé 14 ans de prison .C’est finalement d’une peine de 12 ans dont il a écopé, plus 10 ans de mise à disposition du tribunal d’application des peines. Ce qui n’a pas eu l’air de déstabiliser le bonhomme, qui est sorti du prétoire avec le sourire aux lèvres.
Il y a d’abord Mathieu (tous les noms de victimes sont des noms d’emprunt), sa dernière victime mais qui a permis par sa plainte de découvrir les autres faits reprochés. Ce dernier, un enfant battu par ses parents et enfermé dans une cage à chien, s’est plaint que Jean, le prévenu, le regarde en train de se masturber, et qu’il a même introduit sa main dans son slip. « Ça, jamais » avait-il protesté, « Je ne suis jamais rentré dans sa chambre, et si je l’ai vu un jour se masturber, c’est tout à fait par hasard. »
Pourtant, Eric (14 ans à l’époque) dit la même chose, et révèle des faits bien plus graves encore. Ainsi signale-t-il qu’ils prenaient souvent une douche ensemble, qu’il se promenait tout le temps nu, qu’il lui imposait des fellations réciproques et qu’il a même tenté une pénétration anale. Ce qu’il admet que très partiellement : « c’est lui qui me l’a demandé, j’aurais dû dire non, c’était moi l’adulte, cela n’arrête pas de m’interpeller » s’était-il lamenté. « Moi, je n’avais plus aucun désir sexuel depuis que j’ai été opéré. Etre nu, je l’ai toujours fait, c’est naturel chez moi. » Mais alors, pourquoi a-t-il demandé de n’avoir que des garçons placés chez lui ? « Justement, pour éviter d’avoir des problèmes avec des jeunes filles ».
Deux autres jeunes décrivent à peu près la même chose. Et puis, le sommet, il y a les faits sur son propre fils, qui décrit une série de scènes disons glauques qui se sont déroulées dès qu’il avait 6 ans, et ce jusqu’à 16 ans. C’est alors qu’il a claqué la porte de chez lui manière brutale. « Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis lors, et je ne sais toujours pas pourquoi »
Un réquisitoire implacable
Me Aurélia Luypaerts, qui défendait les intérêts de Mathieu, un garçon déjà abîmé par ce qu’il a vécu dans sa famille et qui doit suivre un traitement psychologique toutes les semaines, s’était dite stupéfaite par cette instruction d’audience. « C’est un dangereux prédateur, qui ose en plus se servir d‘une philosophie proche du Renouveau charismatique pour aborder les jeunes », avis partagé par Me Haumont, autre partie civile.
Le réquisitoire de Mme Hortelan, ministère public, avait été implacable pour l’auteur de faits abjects, qu’elle décrivait un à un de manière détaillée, tels que dénoncés par cinq victimes qui ne se connaissaient pas entre elles et qui décrivent le même mode opératoire vicieux de cet homme de 70 ans. Lequel niait l’évidence et pour ce qu’il reconnaît à le culot de dire qu’il a été sollicité par des jeunes de moins de 16 ans. Face à cette personnalité perverse et inquiétante, elle réclamait pas moins de 14 ans de prison !
Que pouvait dire la défense d’autre que s’appuyer sur les déclarations de son client pour réclamer son acquittement pour certains faits, et un sursis probatoire, donc un peine qui ne soit pas supérieure à 5 ans de prison, pour le peu qu’il reconnaît ?
C’était bien évidemment illusoire, puisque le tribunal l’a condamné à 12 ans de prison ferme plus 10 ans de mise à disposition du T.A.P., ce qui n’a pas eu l’air de choquer l’homme, qui a dit merci au tribunal et est sorti menottes aux poings avec un sourire provoquant au visage.