C’est un épouvantable drame, le décès d’un gamin de 7 ans suite à un accident avec un tracteur en 2016, qui aurait pu déclencher un autre drame quatre ans plus tard, avec une double rixe entre les deux familles concernées. Avec à la clef 18 victimes, dont trois revendiquent la qualification de tentatives de meurtre. Le père du petit garçon décédé et son beau-frère sont menacés de 4 ans de prison !
En juin 2016, à Manhay, un petit garçon de 7 ans circulant en vélo mourait sous les roues d’un tracteur, conduit par un certain Norbert (nom d’emprunt, comme tous les autres cités par ailleurs). Un accident bien sûr involontaire, mais dont Norbert fut sanctionné d’un an de prison avec sursis.
Mais depuis lors, Norbert et sa famille se disent harcelés par le père de la petite victime, insultés, menacés de mort, épiés. Jusqu’à ce 13 juin 2020, quatre ans plus tard, quasiment à l’anniversaire de la mort du petit, a lieu une fête au cours de laquelle Charles, le père, s’enivre exagérément. De même que son beau-frère Michel. Les deux, passablement bourrés, décident alors de se rendre chez Norbert, à Lierneux. Qui n’est pas là, ce qui ne les empêche pas de rentrer dans sa maison, et de tout casser, en renversant des meubles. Alertés par le tumulte, des membres de sa famille et des voisins viennent aux nouvelles, et se font prendre violemment à partie par les deux compères, un coup de feu étant même tiré. Résultat, six victimes, dont des femmes, qui n’ont rien à voir avec l’accident mortel.
Puis ayant eu vent que Norbert se trouvait chez son frère à Manhay, les deux givrés s’y rendent. Nouvelle rixe générale avec des membres de la famille, des voisins, des femmes, qui n’y sont pour rien dans la mort du petit, et s’acharnent particulièrement sur Maurice, le frère de Norbert qui n’est toujours pas là. Ils le rouent de coups de pieds au ventre et au visage, alors qu’il gît au sol, inconscient.
Un déferlement de haine
Quatre ans plus tard, l’affaire arrive enfin devant le tribunal correctionnel, où les deux hommes comparaissent libres. Mais où les deux se montrent contrits. « On avait tellement bu que je ne me souviens plus de rien, sinon de m’être réveillé en cellule. Et je m’en excuse platement devant tout le monde de ce que j’ai pu faire, c’est dû à l’alcool » dira Charles, tandis que le beau-frère Michel, dans le même cas de trou noir, évoque le fait que ce soir là, Charles parlait sans cesse de son fils, et qu’ainsi est née l’idée d’une expédition punitive. « C’est une véritable catastrophe, qui n’aurait jamais dû se passer. » Il se souvent quand même du coup de feu, « mais c’est pas moi, hein ! ».
Mais pour les parties civiles, c’est pour la famille qui n’y est pour rien dans l’accident du petit, un déversement de haine continu de la part de Charles et les siens. Trois d’entre elles revendiquent que les faits soient qualifiés de tentatives de meurtres, surtout à l’égard de Michel. « Celui gisait, inerte, quand ils se sont acharnés sur lui. Quelqu’un a dit à Charles : tu l’as tué ! Ce que à quoi il a répondu. « Je m’en fous, je vais te tuer aussi ! » ce qu’il a répété à plusieurs reprises. Michel, la victime, a dû être hospitalisé quatre mois. « J’ai perdu deux ans de ma vie » dira-t-il devant le tribunal.
Des profonds regrets
Mme Troisfontaines, ministère public, laisse au juge le soin de qualifier les faits, tout en parlant de violences extrêmes sur des personnes âgées et mêmes des femmes, qui n’avaient rien à voir dans ce conflit, au total 18 victimes. Elle évoque le passé judiciaire des deux prévenus, déjà tous deux condamnés pour vols avec violence, coups et blessures à mineurs. Elle réclame pour chacun d’eux 4 ans de prison.
La défense évoque les regrets profonds qu’ils éprouvent après leurs agissements, et demande l’indulgence et la compréhension du tribunal, sous forme de sursis probatoire.
Jugement en septembre.