Un commerçant de Herve risquait 6 ans de prison pour avoir violé une jeune fille de 17 ans, appâtée par un job étudiant, et tenté de le faire avec une autre de 16 ans. Deux scénarios identiques qui rendent ses dénégations bien faiblardes.
C’est en tout cas ce qu’a estimé le tribunal correctionnel, qui l’a condamné à 5 ns de prison, avec sursis probatoire pour le surplus de la préventive. Michel (prénom d’emprunt), 40 ans, commerçant à Herve, est arrêté et mis en prison en mars 2023 suite à la plainte de Julie (prénom d’emprunt), 17 ans. Cette dernière, encore choquée et en pleurs, affirmait avoir été violée le jour même par commerçant alors qu’elle était censée venir faire un essai en vue d’un job étudiant.
Face à cette accusation, Michaël avait eu, devant le tribunal correctionnel où il avait comparu détenu, une version bien plus édulcorée. « C’était la fille d’une connaissance, qui se plaignait beaucoup de sa situation familiale. Je lui ai proposé de venir au magasin non pas pour travailler mais pour se changer les idées. Petit à petit, nous en sommes venus aux confidences, comme quoi elle voulait se tirer de chez elle. Puis nous avons joué à un jeu de questions-réponses. » Oui, mais avec le choix de l’option « caliente », avec gage à la clef. Quel genre de gage ? « Comme s’embrasser l’un l’autre, ce que nous avons fait trois fois. Puis un jeu de séduction s’est installé, on s’est un peu caressé. Un client est venu, et quand je suis revenu dans la réserve, elle avait le pantalon baissé. Alors oui, je l’ai pénétrée, mais je me suis vite arrêté, me rendant compte que cela allait trop loin. Elle en a été frustrée, et est partie. Je suis un naïf, j’ai de l’affection pour les gens en difficulté, mais je n’étais pas attiré par elle »
Un discours assez ballot
Manque de bol pour lui, quelques jours plus tard, une autre jeune fille de 16 ans celle-là, Elise (nom d’emprunt) pose plainte pour séquestration et atteinte à son intégrité sexuelle, selon un scénario semblable à celui décrit par Julie. Venue pour un essai de travail, elle s’est vue proposer le fameux jeu, avant qu’il ne l’attache à une chaise avec des colsons et lui bâillonne la bouche. Et se mette à l’embrasser dans le cou. Mais un client est survenu, et Elise est parvenue à se détacher et à s’enfuir. Pour cette scène, il a eu aussi un discours assez ballot. « Elle s’était plainte du manque d’imagination sexuelle de son copain. J’ai voulu lui montrer une manière de pimenter leur vie sexuelle, je lui ai juste donné un bisous dans le cou » s’était-il justifié.
Pour les parties civiles, il est clair que c’était un coup préparé d’avance. L’option « caliente » du jeu est d’ailleurs payante, où les questions posées sont malaisantes. Julie n’avait aucune raison de l’aguicher, puisqu’elle est en ménage avec une compagne. Quant à Elise, elle dit s’être vraiment sentie emprisonnée et en danger. Elles soulignaient également le témoignage de plusieurs jeunes filles ayant travaillé là bas qui décrivent un contexte sexuel déplaisant.
Un prédateur sexuel
Mme Lanza, ministère public, avait réfuté la soi-disant naïveté de Michel. « Que deux jeunes filles qui ne se connaissent pas se disent victimes d’un scénario identique, ce n’est pas inventé. D’ailleurs, dans quel intérêt ? Et qu’elles présentent toutes les deux les symptômes typiques des victimes sexuelles n’est pas rien non plus. Qualifiant Michel de prédateur sexuel, elle réclamait 6 ans de prison.
La défense, assurée par Me Waucomont, avait décortiqué les déclarations de Julie pour y trouver des contradictions qualifiées parfois de mensonges et réclamer l’acquittement du moins pour le viol. Pour le reste, il sollicite un sursis pour le surplus de la préventive, déjà longue de six mois. Il a obtenu satisfaction en ce qui concerne le sursis probatoire pour le surplus de la détention préventive, mais pas pour la culpabilité de viol, sanctionnée de 5 ans de prison.