C’est un procès horrifiant qui s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Verviers. Une femme et deux hommes comparaissant détenus étaient accusés de traitement inhumain et dégradant, de tortures, de séquestration, d’atteinte à l’intégrité sexuelle, de coups et blessures et de menaces envers un autre homme.
Ils risquaient chacun 10 ans de prison ! Et si la peine finalement prononcée par le tribunal est un peu moindre, elle est quand même lourde : 8 ans de prison pour chacun.
Les faits incriminés à ce trio ont lieu le 27 décembre 2023. Ce jour-là, une Roumaine de 37 ans rend visite à son petit ami depuis quinze jours, à Pepinster, un homme de 49 ans au casier judiciaire épais comme les bras d’un haltérophile, et où se trouve également un Verviétois de 34 ans au casier judiciaire quasiment aussi fourni. Et là, la roumaine va se lamenter sur le calvaire qu’elle aurait subi de la part d’un certain David (nom d’emprunt), un homme chez qui elle logeait depuis 5 ans, sans relation affective pour autant. « Il me persécutait, devenait violent avec moi, urinait sur mes affaires » dira-t-elle.
Dès lors, et après s’être défoncé à la cocaïne et à l’alcool, on fait venir David chez le Verviétois sous un prétexte quelconque. Une dispute pour une prétendue question d’argent éclate entre la jeune roumaine et David. Et la « fête » commence pour lui : coups de poing, coups de pieds, gifles, menaces, sachet sur la tête jusqu’à perdre connaissance, ceinture serrée autour du cou, station à genoux sur le manche d’un balai puis assise sur le goulot d’une bouteille, mutilations au couteau sur les bras et les jambes, que eux appelleront scarifications volontaires. Une séance qui durera quand même deux trois heures, avant que David ne réussisse à s’enfuir par une fenêtre. Il devra être hospitalisé suite aux lésions reçues.
Devant le tribunal où il avait comparu détenu, le trio minimisait fortement les faits, la jeune roumaine admettant juste avoir assisté à l’une ou l’autre scène, comme celles du sachet, de la bouteille, et du balai, ce que niaient les deux autres. « Je lui ai donné un paquet de bonnes gifles, car j’étais choqué de ce qu’il avait fait à la fille, et j’ai monté dans les tours » raconte le Verviétois. Idem pour le Verviétois de 34 ans qui dit être intervenu quand David a empoigné la jeune roumaine. Il faut dire que les deux hommes se disent amoureux d’elle.
Une expédition punitive
Me Sandra Berbuto, partie civile, s’était dite indignée par le tas de mensonges proférés par le trio d’accusés. « En fait, David est un gros nounours, un gentil, qui a hébergé la jeune roumaine qui errait sans domicile, et qui s’est incrustée dans sa vie et a vécu à ses dépens en lui soutirant de l’argent. Et c’est elle qui le frappait et le menaçait, avant de tomber dans ce traquenard tendu par des véritables tortionnaires, au point qu’il a cru mourir à plusieurs reprises. « Le coup du sachet, de la ceinture ou des soi-disant scarifications, c’était pas de la rigolade » plaidera t-elle.
Même vision des choses de la part de Mme Hortelan, ministère public, qui estimait avoir affaire à une véritable séance punitive, dont la femme est l’instigatrice. « Elle se pose en victime, alors qu’elle n’a jamais déposé plainte. David était leur chose » avait-elle dit en réclamant 10 ans de prison pour chacun.
Le tribunal l’a suivie en déclarant la plupart des faits établis et en condamnant chacun des trois individus à 8 ans de prison ferme.