En 2020, Evelyne (prénom d’emprunt) avait 5 ans lorsqu’elle est placée par le S.A.J. suite au divorce tumultueux de ses parents. Ce sont ces services qui trouveront suspects les comportements de la gamine vis-à-vis d’un autre garçon de son âge.
Trois ans après cette dénonciation, le père que nous appellerons Michel, un homme de 30 ans habitant Theux, avait comparu libre il y a un mois devant le tribunal correctionnel, qui l’a finalement condamné à 5 ans de prison ferme, malgré les dénégations du prévenu.
Devant le tribunal, Michel avait semblé tomber des nues devant cette accusation. « J’essaie de savoir comment cela aurait pu se passer. Jamais je n’aurais fait du mal à mes enfants. Je suis choqué » avait-il déclaré en contestant les faits. Ce qui avait interpellé la juge, c’est qu’une enfant de 5 ans puisse décrire un acte sexuel avec tant de détails. « J’aimerais bien le savoir aussi, je suis moi-même dans le brouillard, peut-être que ça vient de sa mère » suggérait-il.
Mais pour Mme Herman, ministère public, les faits ne faisaient aucun doute. « La gamine dit que ça ne s’est produit qu’une fois, et que ça lui a fait mal, un fait qui ne s’invente pas, surtout à 5 ans ! Il s’agit d’une déclaration spontanée, dans le cadre d’une enquête suite à des comportements sexualisés vis-à-vis d’un garçon de son âge qui ont intrigué les services sociaux, ce qui est le signe de quelque chose. Elle n’a aucun intérêt à dire ça, puisqu’elle tient à son père car elle a été placée pour maltraitance de la part de sa mère. »
Elle relevait aussi que cela se passe dans une période où Michel venait d’apprendre qu’il n’était pas le père biologique de ses deux enfants ! Tenant compte que Michel a déjà été condamné deux fois pour violences conjugales, elle réclamait 5 ans de prison ferme.
Mais pour son avocate Me Hanquet, les faits ne sont pas si clairs que ça, ni ses déclarations aussi spontanées que voulues. Elle y a été poussée par un psychologue. La maman n’y croit d’ailleurs pas. Elle relevait certaines contradictions dans les propos de la gamine, et qu’elle ne semble pas souffrir d’un traumatisme, elle qu’on décrit comme une enfant éveillée et facile à vivre, et qu’en outre elle ne présente aucune lésion. Et en plus, des contacts sont maintenus avec son père, ce qui n’est pas courant en cas de violences sexuelles. Elle demandait donc son acquittement, au moins au bénéfice du doute.
En vain, puisque le tribunal a estimé toutes les préventions établies et a condamné Michel à la peine réclamée, soit 5 ans de prison ferme. Son arrestation immédiate, réclamée par le ministère public, n’a toutefois pas été ordonnée par le tribunal.