C’est vraiment une stupide dispute qui a fait dégénérer une fête familiale, avec des conséquences graves pour deux personnes : une victime d’abord qui a reçu un coup avec un verre de bière, qui lui a quasiment découpé une oreille,et l’auteur de ce coup, qui risquait pas moins de deux ans de prison. S’il a obtenu l’indulgence du tribunal sous forme d’une suspension du prononcé, il devra faire face à d’importants débours pour indemniser sa victime.
Le 12 septembre 21 se déroule sous un chapiteau une fête familiale pour l’anniversaire d’un homme qui en plus comptait demander sa compagne en mariage. A un moment donné, il commençait à faire froid, du moins aux dires de personnes assises qui ne dansaient pas. David (39 ans), un frère du jubilaire, actionne alors une pompe à chaleur, ce que des danseuses n’apprécient pas. L’une d’elles vient alors couper le chauffage, que David rallume peu après. Nouvelle colère d’une des danseuses, que David traitera de vieille ménopausée « C’était dit sans agressivité et avec humour, un humour d’ouvrier, brut de décoffrage » dira David devant le tribunal où il était poursuivi pour la scène qui a suivi.
Car peu de temps après David est au bar quand il voit venir vers lui plusieurs hommes, parmi lesquels Christian (prénom d’emprunt), le mari de la dame qui se dit insultée et qui vient demander des comptes. « J’étais coincé. Il m’a donné un coup de poing au visage, j’ai eu un réflexe défensif, avec mon verre à la main » avait expliqué David. De son côté, Christian affirmait qu’il n’avait pas donné de coup de poing, ce que confirment deux témoins qui disent qu’il y a bien eu un coup de poing mais venant d’une autre personne.
Un geste hallucinant
Me Marcy, partie civile, avait décrit les conséquences graves pour Christian de la scène « qui est tombée sur la soirée comme un orage en plein été ». Ce dernier a eu une importante hémorragie et l’oreille quasi coupée, qu’on a cependant réussi à recoudre. Mais il en garde des séquelles graves : d’abord il doit porter une prothèse auditive à vie, mais souffre aussi d’acouphènes, de pertes d’équilibre, de mémoire, et d’attention, ce qui complique son travail. « Il se retrouve à l’hôpital alors qu’il n’a rien fait. Le geste de David est hallucinant, alors qu’il ne se passait rien. » Il dézinguait à l’avance la légitime défense que va plaider la défense. « Le prévenu se trouve face à quelqu’un qui ne l’injurie pas, n’est pas agressif ni menaçant, et qui lui demande simplement pourquoi il a insulté sa femme. Sa réaction est disproportionnée par rapport à une menace inexistante » .
Pour Mme Albert, ministère public, il ne peut y avoir question de légitime défense dans cette affaire où il est bien difficile de démêler le vrai du faux. Mais même s’il s’agit d’un malheureux accident, il a bien coups et blessures avec incapacité de travail de plus de 4 mois, dont la sanction est légalement de 2 ans de prison et 1.600 euros d’amende minimum, peine qu’elle réclamait.
Comme prévu, la défense avait invoqué la légitime défense, David ayant eu une réaction spontanée face à ce qu’il a perçu comme étant une agression sur sa personne. Elle demandait donc son acquittement.
Le tribunal n’a pas suivi cette thèse, puisqu’il a déclaré les préventions établies, et donc David coupable. Mais pour la peine, il a fait preuve d’indulgence puisqu’il accorde à David une suspension du prononcé. Par contre, il devra indemniser la victime, à raison de 5.000 euros provisionnels sur un dommage encore à évaluer par une expertise.