C’est une affaire compliquée que doit trancher le tribunal du travail, saisi d’une plainte émanant d’une membre du personnel de la commune de Thimister-Clermont contre le bourgmestre Lambert Demonceau et la directrice générale Gaëlle Fischer et ce pour harcèlement moral et violences au travail. Que se passe-t-il vraiment au sein de l’administration de cette petite commune du plateau, qui compte une vingtaine de membres du personnel administratif ?
C’est l’avocat de l’employée du service population qui a porté plainte, Me Simonis, qui ouvre le bal, en décrivant une ambiance quasi infernale au sein de l’administration pourtant familiale et bon enfant jusqu’à l’arrivée du nouveau bourgmestre en 2018 et d’une nouvelle directrice générale. Il pointe deux scènes qui fondent la plainte de sa cliente. La première date d’août 2020, en plein Covid. Époque où en plus des vacances, la charge de travail est très lourde pour chacun. Ce jour là, sa cliente, seule et débordée, fait un malaise, dont il résulte trois semaines d’incapacité de travail pour épuisement sévère. A son retour au travail, elle est convoquée par le bourgmestre et la directrice pour une réunion où elle se fait enguirlander, « martyriser » dira même l’avocat. On lui reprochait d’avoir abandonné ses collègues grâce à un soi-disant certificat médical et d’avoir fait appel à un ex-collègue pensionné pour l’aider dans l’urgence. A l’issue de cette séance dont elle sort traumatisée, elle en a même vomi.
Un duo de despotes ?
La deuxième scène se passe quelques semaines plus tard. « Pour une bêtise » explique l’avocat « un carton non plié dans une poubelle ». Le bourgmestre lui aurait hurlé dessus, l’aurait saisie par les poignets et poussée contre une armoire. A la suite de cela, elle a démissionné et porté plainte. L’enquête qui a suivi a permis de recueillir pas mal de témoignages, que produit Me Simonis. Ils évoquent " une ambiance lourde marquée par des colères monstres du bourgmestre pour des bêtises, le manque de soutien et de considération pour le personnel, des personnes qui pleurent et sont en détresse, un sentiment d’être tout le temps épiés, dénigrés, une mauvaise gestion du personnel, un duo de despotes etc ". « C’est bien simple, huit personnes ont démissionné en quelques temps, c’est un signe » souligne l’avocat pour qui tous ces témoins seraient donc des menteurs ? Il réclame six mois de rémunération en guise de dommage.
Quand même pas un bagne !
La défense des deux intéressés est assurée par Me Wimmer et Me Papart. Ils se basent d’abord sur la notion de harcèlement et de violence au travail. « Après 25 ans d’une direction bienveillante, à la papy, la nécessité d’un changement dans le fonctionnement et le management du personnel se faisait sentir. C’était le devoir légitime de la nouvelle direction de prendre des décisions, de surveiller et contrôler leur exécution. Ce que n’aurait pas supporté la plaignante, réfractaire à tout changement, et dont l’humeur était devenue changeante et exécrable au fil du temps. Est-ce que cela implique du harcèlement tel que le définit la loi ? C’est caricatural de dépeindre l’administration comme un bagne » disent-ils en déniant toute violence physique d’ailleurs non confirmée par des témoins. Et de citer à leur tour des témoignages dépeignant le bourgmestre " comme quelqu’un de poli, d’humain et même blagueur, et la directrice générale comme étant ouverte à la discussion, polie, et cordiale avec tout le monde ". Ils demandent donc au tribunal de débouter la plaignante. Le tribunal tranchera en septembre prochain.